Triste effet de mode, le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel constitue une réalité incontournable dans nombre de PME. Si tous vos salariés ne sont pas égaux face un tel fléau plurifactoriel, quelques signaux d'alerte peuvent vous aider à vous en prémunir.
Dirigeants de
PME, savez-vous qu'au moins un dixième de votre effectif est exposé au
risque de burn-out ? Notion, certes, galvaudée et utilisée souvent à
outrance, le burn-out, ousyndrome d'épuisement professionnel, menacerait 3
millions de salariés en France (12,6% des actifs) à en croire une étude réalisée début 2014 par
le cabinet Technologia, spécialisé dans l'évaluation et la prévention des
risques psychosociaux.
Faute inexcusable
Si une telle
affection peut conduire à la dépression, voire dans un cas extrême au suicide
du salarié, elle n'en reste pas moins lourde en conséquence pour le dirigeant.
"Le patron qui n'a rien fait pour anticiper un tel risque peut être
condamné, au pénal, pour faute inexcusable. La peine pouvant aller jusqu'à 500 000
euros !", prévient Pierre-Eric Sutter, président de Mars Lab, société de
conseil en management de la performance sociale. C'est dire la nécessité d'être
vigilant quant aux signes d'alerte d'une telle pathologie.
Or, c'est bien là que le bas
blesse. Encore non reconnu comme une maladie professionnelle, le burn-out
s'impose comme un mal
protéiforme aux manifestations à la fois physiques, émotionnelles et psychiques pouvant varier d'une personne à
l'autre. "D'où la
difficulté de détecter, en amont, les signes avant-coureurs de cette pathologie
plurifactorielle même si
elle trouve son origine, pour une part au moins, dans l'organisation même du
travail", analyse Pierre-Eric Sutter.
Les salariés dévoués plus exposés
S'il
s'avère donc complexe de dresser un profil type de personnes à risque, les
experts s'accordent toutefois sur un point : le
burn-out touche d'abord les salariés dévoués et impliqués. "C'est la maladie des meilleurs,
et non des fainéants", confirme Pierre-Eric Sutter, brisant au passage
certaines idées reçues. Et d'ajouter : "il s'agit d'individus qui ont un rapport très fort au
travail. Or, face à des
objectifs inatteignables ou des conditions de travail trop dégradées, ils
finissent par s'effondrer."
Il est
donc important pour les managers de proximité de détecter au plus tôt un
comportement pouvant aboutir à un burn-out. Voici quatre phases d'un processus
allant du plaisir au travail à l'épuisement professionnel, et pouvant s'étaler
sur plusieurs mois.
Étape 1 : le plaisir au travail
Dynamique
voire enthousiaste, votre salarié affiche une réelle satisfaction au bureau.
Soucieux de se surpasser, il accepte les aspects complexes ou négatifs de son
boulot en affichant une motivation et persévérance à toute épreuve.
Étape 2 : le surengagement
Soumis à
une charge de travail importante, voire excessive, le salarié laisse peu à peu
son environnement professionnel envahir sa vie privée. Le temps de travail dépasse de
manière régulière les 10 à 12 heures par jour, si bien que le surengagement n'est plus ponctuel,
mais totalement chronique.
Étape 3 : l'acharnement
Le salarié
ne parvient plus à se déconnecter du travail. Obsédé par l'atteinte des
objectifs, "il se met une pression tellement incroyable que son travail
baisse notoirement en qualité", commente Pierre-Eric Sutter. Le
plaisir laisse alors place à un comportement négatif : anxiété, plaintes
quotidiennes, brouille avec ses collègues... Autant d'attitudes qui cachent une
baisse d'estime de soi. "À ce stade, le salarié 'work addicted' est dans
un état si compulsif, qu'il acceptera très difficilement qu'on lui allège sa charge
de travail. Une décision qui renforcera son sentiment d'échec", indique
Cyril Cosar, psychologue clinicien.
Étape 4 : l'effondrement
C'est la
dernière étape, inexorable : le salarié craque littéralement. Amorphe, il perd
toute sa capacité de réaction et tombe en dépression. A contrario, des excès de
violence peuvent survenir. Soit à l'encontre des collègues ou des clients, soit
à l'encontre du salarié lui-même : le passage à l'acte suicidaire.
Pour
éviter un tel engrenage, "le
travail de prévention doit être effectué en amont, en général durant l'étape 2,
celle du surengagement", recommande Cyril Cosar. C'est l'étape du "pré
burn-out" où les premières manifestations physiques apparaissent : crampes
d'estomac, troubles du sommeil, migraines, malaises... "Plus ces troubles
s'accompagnent de symptômes émotionnels et psychiques -sentiment d'angoisse et
de découragement, perte de mémoire,etc.- plus votre salarié évolue vers le
stade de l'acharnement, qui constitue bien souvent un point de non-retour", indique Cyril
Cosar.
Avant
d'arriver à un tel tableau clinique, vous
devez identifier les salariés en état de surengagement chronique et faire de la
prévention via des entretiens individualisés. Car
c'est cette cible, soucieuse de "surperformer", qui est le plus
exposé au risque de burn-out. Même si un tel scénario catastrophe n'est pas,
fort heureusement, systématique. "Encore une fois, tous les individus ne
sont pas égaux face à ce fléau, résultant de causes autant psychologiques
qu'organisationnelles", répète Cyril Cosar. Soyez vigilant et à l'écoute
de vos équipes.